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L'agriculture marocaine face à la sécheresse : un défi de taille

Dernière mise à jour : 25 sept.


système de goutte à goutte qui irrigue un champ

L'agriculture au Maroc représente un secteur crucial pour l'économie, contribuant à environ 12% du PIB et employant près de 40% de la population active. Cependant, ce secteur fait face à un défi majeur : la sécheresse récurrente. Le climat semi-aride du pays, aggravé par le changement climatique, entraîne des périodes prolongées de manque de pluie, menaçant les cultures, les ressources en eau, et les moyens de subsistance des agriculteurs.


1. Défis majeurs de l'agriculture liés à la sécheresse au Maroc


. Réduction des précipitations


Depuis plusieurs décennies, le Maroc connaît une baisse significative des précipitations, notamment dans les régions agricoles clés comme le Souss-Massa et le Haouz. En 2020-2021, le pays a enregistré une baisse des pluies de près de 50% par rapport aux moyennes annuelles habituelles, selon les données du Ministère de l'Agriculture. Cette situation affecte directement les cultures céréalières, les agrumes, et l'élevage.


. Diminution des ressources en eau


La raréfaction des ressources en eau est un défi critique. La disponibilité en eau par habitant est passée de 2560 m³ en 1960 à moins de 620 m³ en 2023, plaçant le Maroc en dessous du seuil de pénurie hydrique. Cette baisse a un impact direct sur les zones agricoles irriguées qui dépendent des eaux souterraines et des barrages.


. Impact sur les cultures et l’élevage


Les sécheresses successives ont entraîné une baisse drastique des rendements agricoles, notamment pour les céréales. En 2021, la production de céréales a chuté de près de 40% par rapport à la moyenne décennale. Par ailleurs, l'élevage, qui repose sur les pâturages naturels, est sévèrement touché, forçant de nombreux agriculteurs à vendre leur bétail en raison du manque de fourrage.


2. Solutions et initiatives pour faire face à la sécheresse


. Modernisation des systèmes d'irrigation


Pour contrer la sécheresse, le Maroc a mis en place des programmes visant à améliorer l'efficacité des systèmes d'irrigation. Le Plan Maroc Vert, lancé en 2008, a introduit des systèmes d'irrigation goutte-à-goutte pour réduire le gaspillage d'eau et améliorer l'efficacité hydrique. En 2023, environ 650 000 hectares sont équipés de ces systèmes, permettant une meilleure gestion des ressources en eau.


. Construction de barrages


Le programme national des barrages continue de jouer un rôle essentiel dans la gestion de l'eau au Maroc. À ce jour, le Maroc compte plus de 150 barrages en service, avec de nouveaux projets en cours. Ces barrages permettent de stocker l'eau pendant les périodes pluvieuses et de l'utiliser pour l'irrigation durant les sécheresses.


. Utilisation des eaux usées traitées


Le recours aux eaux usées traitées pour l'irrigation est une solution prometteuse pour pallier la pénurie d'eau. Le Maroc investit dans le traitement des eaux usées pour les utiliser à des fins agricoles. En 2023, environ 125 millions de mètres cubes d'eau traitée sont utilisés pour irriguer des espaces verts et des zones agricoles dans les grandes villes.


. Promotion de l’agriculture résiliente


Le Maroc cherche à promouvoir une agriculture résiliente face au climat, en encourageant l'adoption de cultures plus résistantes à la sécheresse. Les oliviers, les cactus, et les plantes médicinales nécessitent moins d'eau et sont adaptés aux conditions arides. Le Plan Génération Green (2020-2030) met également l'accent sur l'agroécologie et l'optimisation de l'utilisation des intrants agricoles.


. Désalinisation de l'eau de mer


Le Maroc explore également des solutions innovantes, comme la désalinisation de l’eau de mer pour l’irrigation. La station de désalinisation d'Agadir, mise en service en 2021, est l'une des plus grandes en Afrique et peut produire jusqu'à 275 000 mètres cubes d'eau par jour, destinés à l'agriculture et à l'approvisionnement en eau potable.


3. Initiatives gouvernementales et internationales


Face à la sécheresse, le gouvernement marocain a mis en place plusieurs initiatives en collaboration avec des partenaires internationaux :


  • Le Plan National de l’Eau (PNE), qui vise à assurer une gestion durable des ressources hydriques à l’horizon 2030, prévoit des investissements de près de 115 milliards de dirhams pour des projets liés à l’eau.

  • Le Fonds Vert pour le Climat, en partenariat avec les Nations Unies, finance des projets de gestion durable des ressources en eau et de résilience climatique.


Conclusion


L’agriculture marocaine est fortement vulnérable à la sécheresse, qui représente un défi de taille pour le secteur. Cependant, grâce à des solutions innovantes telles que la modernisation des systèmes d'irrigation, la gestion durable de l'eau, et l'adoption de nouvelles pratiques agricoles, le Maroc est sur la voie d'une agriculture plus résiliente. Il est essentiel que ces efforts soient poursuivis et intensifiés pour assurer la sécurité alimentaire et le développement économique à long terme du pays.

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