
Le Maroc a récemment franchi un cap historique en matière d’amnistie fiscale, avec une régularisation de 100 milliards de dirhams d’avoirs non déclarés (9,6 milliards d’euros). Cette opération, incluse dans la loi de finances 2024, constitue un signal fort adressé aux investisseurs, aux chefs d’entreprise et aux porteurs de projets qui souhaitent régulariser leur situation fiscale et investir dans un climat plus transparent. Pour les entrepreneurs intéressés par le marché marocain, voici un décryptage des points clés de cette amnistie et de ses implications.
Un dispositif attractif pour les fraudeurs fiscaux
L’amnistie fiscale de 2024, qualifiée de « régularisation volontaire », a permis à de nombreux particuliers de se mettre en conformité avec le fisc marocain. Le gouvernement d’Aziz Akhannouch a proposé une offre particulièrement attractive :
Taux d’imposition réduit à 5 % sur les sommes régularisées, contre 37 % à partir de 2025.
Anonymat et discrétion assurés par les banques marocaines.
En un an, cette opération a généré 10 000 déclarations spontanées, avec un montant moyen de 4 millions de dirhams (environ 385 000 euros) par déclarant. Ce succès dépasse largement les précédentes régularisations, notamment celle de 2020, et démontre la forte présence d’une économie souterraine au Maroc.
Amnistie fiscale au Maroc, comment expliquer ce succès ?
Plusieurs facteurs expliquent cet afflux de régularisations :
1. Accumulation de cash depuis la pandémie
Pendant la crise du Covid-19, l’État marocain a distribué des aides en espèces à plus de 4 millions de familles. Ces flux de liquidités n’ont pas été intégrés dans le système bancaire, alimentant ainsi une forte thésaurisation.
2. Introduction de la Contribution Professionnelle Unique (CPU)
Depuis 2021, la CPU pousse les commerçants et professionnels à domicilier leurs avoirs en banque, par crainte de contrôles fiscaux renforcés.
3. Renforcement des contrôles fiscaux
L’administration fiscale marocaine a multiplié les annonces sur les contrôles, incitant de nombreux citoyens à anticiper les redressements fiscaux.
Une manne financière pour l’État, mais des limites apparentes
Malgré le montant record des avoirs régularisés, cette opération ne rapportera que 5 milliards de dirhams (500 millions d’euros) aux caisses de l’État. Cela s’explique par le taux réduit appliqué aux régularisations, mais aussi par une critique récurrente : l’État peine à investir massivement dans des services publics de qualité, notamment dans l’éducation et la santé.
Opportunités et implications pour les investisseurs étrangers
Pour les investisseurs européens ou les Marocains Résidant à l’Étranger (MRE) intéressés par le marché marocain, cette régularisation fiscale présente des opportunités à ne pas négliger :
Stabilisation du climat fiscal : cette amnistie témoigne d’une volonté de l’État marocain de rendre son système fiscal plus transparent et incitatif.
Sécurisation des avoirs : pour les porteurs de projets, la régularisation permet de sécuriser leurs actifs avant d’investir davantage au Maroc.
Incitation à investir dans l’économie réelle : en régularisant leurs avoirs, les investisseurs peuvent rediriger leurs fonds vers des secteurs porteurs comme l’immobilier, le tourisme, ou encore les startups.
Vers une transformation économique ?
L’amnistie fiscale s’inscrit dans une volonté affichée par le roi Mohammed VI de transformer le modèle économique du Maroc. En 2021, le rapport de la commission sur le modèle de développement avait déjà mis en lumière la lenteur de la transformation structurelle de l’économie marocaine, freinée par des logiques de rente.
Cette régularisation pourrait donc marquer le début d’une nouvelle ère pour l’économie marocaine, où la transparence et la fiscalité pourraient devenir des atouts majeurs pour attirer des investisseurs étrangers.
Conclusion : un signal fort pour les entrepreneurs
L'amnistie fiscale de 2024 est un signal fort du gouvernement marocain en faveur d'une économie plus formelle et transparente. Pour les entrepreneurs et investisseurs européens, cette opération offre un cadre plus clair et une opportunité de régulariser leur situation en bénéficiant de conditions avantageuses.
Pour ceux qui envisagent de s’implanter au Maroc, c’est le bon moment pour structurer leurs activités, sécuriser leurs avoirs, et participer à la dynamique économique du pays.
Morocco business continuera à suivre les évolutions fiscales et à informer ses lecteurs des meilleures pratiques pour entreprendre et investir au Maroc.